Acidification des eaux du fleuve Saint-Laurent
Les émissions de dioxyde de carbone liées à la combustion des énergies fossiles (lire le pétrole) ont une incidence sur tous les océans de la planète: elles acidifient leurs eaux!
Bon an mal an, les activités humaines rejettent des milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. 30% de ces déchets atmosphériques sont absorbées par les océans. Ce gaz se dissout dans l’eau et forme de l’acide carbonique. Cette substance acidifie fortement les mers du monde.
Dans le Saint-Laurent, le phénomène s’effectue à vitesse grand V. Ses eaux se sont acidifiées plus que partout ailleurs sur la planète. Le PH du Saint-Laurent, mesure utilisée afin d’établir le degré d’acidité ou d’alcalinité d’une substance aqueuse, est tombé de 0,2 ou 0,3 points depuis 75 ans; une baisse de 0,1 point sur cette échelle logarithmique correspond à une baisse de 30%. C’est donc dire que le Saint-Laurent s’est acidifié de 60 à 90%, alors que l’ensemble des océans de la planète, sur la même période, se sont acidifiées de 30%.
Cette acidification a des répercussions très graves sur les animaux à exosquelettes. Ceux-là ont besoin d’une eau alcaline pour construire leurs coquilles et carapaces, toutes constituées de carbonate de calcium. Des animaux comme les coraux, les mollusques et les crustacés de toutes sortes pourraient donc disparaître si l’acidification se poursuit. L’acidification est très certainement une menace extrêmement sérieuse à la vie dans les mers telle qu’on la connue jusqu’ici.
Dans le Saint-Laurent, le problème d’acidification lié aux émissions de dioxyde de carbone se double d’un problème d’acidification associé aux phosphates et nitrates et autres rejets d’engrais dans les eaux fluviales. Ces substances favorisent la croissance du plancton. En mourant, ces animalcules coulent au fond et sont décomposés par des bactéries qui consomment alors beaucoup d’oxygène pour mener à bien leur mission de décomposition. Or, tout corps consommant de l’oxygène en grande quantité rejette inévitablement du dioxyde de carbone en grande quantité. Ce gaz acidifiant s’attaque alors directement au PH des eaux environnantes.
Le réchauffement des eaux contribue également à l’acidification du Saint-Laurent. Plus l’eau est chaude, et plus les bactéries sont actives. Plus elles sont actives, et plus elles consomment de l’oxygène. Et plus elles consomment de l’oxygène, et plus elles rejettent du dioxyde de carbone, gaz qui, comme nous l’avons vu, a un impact direct sur le PH des eaux. C’est donc dire qu’encore une fois le réchauffement climatique multiplie ses victimes.
Le processus de désoxygénation est réversible. Il s’agit de réduire l’émission de dioxyde de carbone et de contrôler les rejets de phosphates et de nitrates dans les eaux.
Faits saillants:
- L’acidification a déjà des impacts sur les pêcheries. Le buccin, plus communément appelé bourgot, connaît des années difficiles. Il a de plus en plus de difficulté, à cause de la nouvelle acidité de l’eau, à construire sa coquille.
- Certains animaux constituant le plancton tels que les ptéropodes possèdent des coquilles. Sous le coup de l’acidification des eaux, ils sont appelés à disparaître. Le plancton constitue la base de la vie dans les mers, et par extension sur terre. Qui peut mesurer l’impact qu’aurait sa disparition sur la vie sur notre planète?