En attendant l’homme grenouille…

Observer .

Non. Même pas. Ça demanderait trop de rigueur.

Contempler .

Contempler et attendre.

Écouter aussi.

Les vagues frapper sur les rochers, sous la coque, et quelques fois, une parenthèse auditive s’ouvre pour me rappeler que la 138 est là , juste derrière cette nature incroyable, et les mastodontes grognent pour monter la côte et rejoindre les chantiers de la Romaine ou d’une mine quelconque … 

J’observe les bulles de l’homme grenouille au loin. Me demande ce qu’il voit, ce qu’il ressent, à cet endroit privilégié mais combien difficile à fréquenter …

Les bulles s’éloignent, la grenouille explore…  J’espère, chaque fois , que le souffle d’un rorqual se fera entendre près de nous. Le spectacle que cela annonce est toujours grandement poignant. Comme si de constater l’immensité de mon ignorance face à la vie et à la nature, la petite chose que je suis au milieu du grand tout, ‘n’être que’ parmi tout ce mouvement perpétuel, tout ça m’enlève, pour un instant, le poids de la bêtise du monde que j’ai tendance à porter sur mes humbles épaules.

Je comprends le besoin de travail, d’emplois, et je ne fais pas l’apologie de la pauvreté ou d’une vie d’ascète. Au contraire. J’aime la richesse! Et je ne me sens jamais aussi riche que lorsque je sais que je ne suis pas seule à profiter de ses largesses. Aussi, je m’explique mal l’aveuglement acharné de mes concitoyens à avaler tout rond les promesses de ces fameux créateurs de richesses qui nous enchaînent à un ancien temps. Le temps où la majorité s’évertuait (et s’évertue encore) à enrichir une poignée d’entre-nous, à la sueur de son front et en pigeant directement dans ses trésors collectifs.

Oh! Je ne vois plus les bulles de l’homme grenouille! Aaahhh! Il est revenu de l’autre côté du bateau… Farceur!

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