Réchauffement des eaux du fleuve Saint-Laurent
Depuis plusieurs années maintenant, l’on entend parler abondamment du réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine et des risques qu’il représente pour l’avenir de notre planète. Si ces discours sont quelque temps demeurés davantage théoriques que concrets, il n’en va désormais plus ainsi. Le réchauffement climatique se fait sentir et il a déjà commencé à modifier notre environnement. Il ne fait plus aucun doute que ce phénomène influe déjà sur l’aire de répartition, l’alimentation, la reproduction, les migrations, la condition des animaux et même leur survie.
Le Saint-Laurent, par exemple, a vu la température de ses eaux croître de quelques degrés ces dernières années. Ce qui inquiète les biologistes car une hausse aussi drastique des températures, sur une si courte période de temps, permet difficilement aux espèces de s’adapter. En fait, plusieurs d’entre elles sont carrément menacées par ce phénomène. On peut citer, en guise d’exemple, le cas du fou de Bassan.
Depuis quelques années, le taux de reproduction de cette espèce qui niche en grand nombre sur les falaises de l’île Bonaventure, en Gaspésie, est catastrophique. Le taux s’est situé en bas des 5% au cours des dernières saisons alors que 70% des oisillons parvenaient à survivre auparavant. Afin d’expliquer les difficultés rencontrées par le fou de Bassan, les biologistes pointent dans la direction du réchauffement climatique.
En réchauffant les eaux de surface de quelques degrés, ce phénomène rendrait les petits poissons dont se nourrit le fou de Bassan mal à l’aise dans cette couche d’eau. Ces derniers fréquenteraient dès lors des eaux situées quelques mètres plus creux. Ce qui serait suffisant pour les placer en dehors de la zone où les volatiles adeptes du piqué peuvent les atteindre. Sans cette ressource alimentaire primordiale, les parents fous de Bassan ne parviendraient plus à nourrir leurs petits. Ceux-ci mourraient de ce fait en très grand nombre, laissant présager la disparition de cette espèce dans les eaux du Saint-Laurent.
Le réchauffement de l’eau inquiète les biologistes pour bien d’autres raisons encore. Entre autres parce qu’il permet la prolifération d’algues toxiques. En 2008, des marées d’algues rouges, éminemment toxiques, ont affecté les eaux situées en face de Rimouski, provoquant la mort d’oiseaux et de mammifères marins, dont des bélugas. Ces algues, qui apprécient des eaux plus chaudes que celles que nous avions dans le Saint-Laurent auparavant, s’attaquent au système nerveux central des bélugas.
Le réchauffement climatique a également un impact déterminant sur le couvert de glace dont se recouvre le Saint-Laurent, une fois l’hiver de retour chez nous. Il le réduit drastiquement. Cette situation n’est pas à l’avantage des phoques qui ont besoin de cette glace pour mettre bas et allaiter leurs petits.
Et l’été, une eau plus chaude aura aussi pour effet de ralentir le débit du Saint-Laurent; peut-être même de 20% ! Conséquence: il y aura moins d’eau dans les secteurs situés entre Montréal et Québec, ce qui favorisera l’assèchement de milieux humides qui sont d’une richesse incomparable.
Une eau plus chaude activera également les bactéries présentes sans le Saint-Laurentl; celles qui consomment les débris sombrant vers les abysses du Saint-Laurent également. Or, ce sont justement ces bactéries qui sont responsables de l’hypoxie et de l’acidification des eaux profondes du Saint-Laurent. En réchauffant les eaux, on accentuera par le fait même ces problèmes, laissant présager le pire.
Le problème du réchauffement climatique en est un difficile à résoudre. Afin de fonctionner, il faudra qu’un jour ou l’autre l’humain accepte d’envisager d’autres sources énergétiques que ces énergies fossiles qui produisent tant de CO2 en se consommant, réchauffant du coup le climat de la planète.
Faits saillants:
- Un ralentissement du débit des eaux dans le Saint-Laurent permettra de diluer moins efficacement les polluants qui sont rejetées dans ce milieu de vie par l’humain, à chaque jour.
- Sous l’effet du réchauffement climatique, certains secteurs du Saint-Laurent pourraient voir les eaux baisser d’un mètre.