La saga du compresseur

9 ans ago  •  By  •  0 Comments

Dans la vie, on fait des bons coups.  Et parfois, des moins bons.  Ou des mauvais. Et même des très mauvais.  Au cours des dernières années, l’une de mes pires décisions a été d’acheter un compresseur usagé d’une boutique de plongée de la région de Rimouski.

Avant d’aller plus loin, je dois mentionner qu’en plongée, à peu près tout coûte cher.  Le bateau et le compresseur sont à placer dans la catégorie des éléments les plus dispendieux d’entre tous.  J’avais le bateau dès le départ de mon aventure dans le monde de la plongée, un beau gros zodiac (Bombard DB600 propulsé par un 115 forces Yamaha) avec lequel je m’amuse beaucoup, mais j’avais décidé d’attendre un peu avant de mettre la main sur un compresseur.  Finances obligent!

Quand j’ai vu, dans les petites annonces de plongée, qu’il y avait un gros compresseur à vendre  et à très bon prix, mon attention a été dès cet instant accrochée  Un 15 HP, qui remplit des bouteilles de plongée à vitesse grand V, c’était de quoi pour me plaire.  Et le prix du compresseur aussi.  Un compresseur de cette puissance peut valoir près de 20 000$.  Mettre la main sur l’un d’entre eux pour aussi peut que 4000$, c’était une aubaine, même si la bête avait déjà bien vécu.

Je sais, je sais, quand ç’a l’air d’être trop beau pour être vrai, c’est parce que c’est effectivement trop beau pour être vrai.  J’aurais donc dû être très prudent.  Et y réfléchir à deux fois avant d’acheter un tel appareil.

Mais le fait que c’était une boutique de plongée qui vendait le compresseur me rassurait.  Dans la vie, je n’achète rien d’usagé auprès de particuliers. Mais une boutique, par contre, c’était pour moi quelque chose d’envisageable. Surtout que la boutique avait un rapport d’inspection qui disait que le compresseur fonctionnerait très bien après seulement quelques ajustements!

Je suis donc passé à l’acte; j’ai acheté le compresseur…et les ennuis ont commencé!

Le premier problème est survenu après que je l’eus apporté chez une boutique spécialisée dans l’entretien des compresseurs de Montréal pour l’ajustement avant la mise en fonction.  Leur verdict?  il y avait pour plus de 7000$ de réparations à effectuer sur le compresseur.  Ouch!

Aurais-je dû abandonner le projet dès cet instant?  Probablement.  Mais je me suis entêté.  Comme c’est un peu trop souvent mon habitude diraient certains.  Les réparations ont donc été effectuées.

À l’origine, je devais utiliser ce compresseur en Gaspésie.  La marina de Sainte-Anne-des-Monts m’avait réservé un espace où je pourrais le brancher sur le 600 volts.  Mais entre-temps, les aléas de la vie ont fait que j’ai déménagé mon centre de plongée à Baie-Comeau.  Et y trouver une connexion 600 volts s’y est avérée…impossible.  Je devais donc changer le moteur du compresseur pour qu’il fonctionne plutôt sur le 220 volts.  Opération assez simple à réaliser…normalement.  Mais quand on a un compresseur fonctionnant à une puissance de 15 HP, c’est pas mal plus compliqué.  En fait, il n’y a qu’une seule compagnie (Baldor) qui construit un moteur de 220 volts de 15 HP.  Et le prix?  Environ 5000$  Re-ouch!

Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai commencé à désespérer de voir mon compresseur un jour fonctionner.  Jusqu’à ce qu’un membre de ma famille connaissant fort bien les compresseurs croise ma route et celle de mon compresseur infernal.

Pauvre Dany!  Il ne savait pas dans quoi il s’embarquait quand il m’a proposé son aide!

Sa solution?  Transformer le compresseur pour qu’il fonctionne avec un moteur à essence.  Je réglais du coup le problème du 600 volts, et le prix d’un moteur à essence pour faire fonctionner une telle bête était bien en deçà du Baldor 220 volts.  Environ 10 fois moins!

Sauf que ç’a n’a pas été si simple que ç’a en avait l’air au départ.  Dany a passé une bonne partie de l’hiver à modifier le compresseur pour qu’il fonctionne à l’essence.  Il a réorganisé l’espace moteur, il a transformé le panneau électrique, ré-inventé l’auto-stop, et re-positionné la prise d’air, il a aussi installé de nouvelles poulies, et effectué 1000 et un ajustements de toutes sortes. Bref, tout un défi!

Ces jours-ci, Dany m’a appelé pour m’annoncer qu’il y était enfin parvenu.  Le compresseur compresse!

Reste maintenant à lui faire passer le test d’air.  Après tout, il compresse de l’air qu’on respire sous l’eau.  Il y a donc des normes à respecter. Et des tests d’air à passer à tous les six mois. Et dieu merci! Parce que respirer de l’air vicié sous l’eau peut être fatal!

Il m’a même envoyé une vidéo pour que je puisse voir la bête enfin tourner:

P.S. Un très grand merci à Dany pour son implication dans cette saga qui semble enfin sur le point de se terminer!